UN PROJET FOU
Pour découvrir Seclantas il faut déjà arriver en Argentine. A partir de Mendoza, région viticole bien connue, direction Salta au nord à 1260km, soit 20h de bus. Depuis cette jolie ville, cap vers le sud-ouest, en empruntant une route panoramique qui serpente les virages serrés de la Cuesta del Obispo. Après 160 km parcourus, soit 3h de bus, on marque l’arrêt au charmant village de Cachi dont l’architecture coloniale et l’ambiance douce et accueillante nous donnent envie de rester pour la nuit. Nous y sommes presque, on monte en voiture pour les 30 derniers kilomètres sur la N°40, une route nationale qui traverse le pays du nord au sud. Ici, le tronçon n’est pas encore goudronné, on s’accroche et on évite les trous et les pierres tranchantes autant que possible. Car ici, pas possible de faire venir le dépanneur !
Ça y est, nous sommes arrivés. Niché à 2200m d’altitude au coeur des hautes Vallées Calchaquíes, entre les “molles” poivriers roses et les “cardones” cactus de 2m de haut, on découvre Seclantas Adentro.
Il faut bien vous parler de ce cadre extraordinaire et du périple rocambolesque pour s’y rendre, afin de prendre toute la mesure du projet fou dans lequel se sont lancés en 2006 Virginia Hasenbalg et Ovidiu Corabianu. Le domaine est né d’une rencontre : celle de la passion du couple pour le vin, avec le savoir-faire de Raúl Dávalos, vigneron talentueux de la Bodega Tacuil, ardent défenseur de la région et des vins naturels élevés sans barrique.
Les conditions du terroir, aussi uniques que difficiles, et le dévouement de l’équipe ont fait le reste.
DES VINS SINGULIERS
La viticulture d’extrême altitude n’a de sens que si les vins sont singuliers. Ici, ils conservent leur aromatique sauvage, leur indomptable complexité tout en recherchant une élégance digne des plus grandes expériences gustatives, comme en témoigne leur présence sur les tables étoilées.
L’objectif : exprimer toute la richesse et la personnalité d’un terroir exceptionnel. Les raisins sont si concentrés et expressifs, que l’équipe choisit de minimiser l’impact du bois. Le malbec ne passe pas du tout en barrique, afin de garder toute sa sincérité. Le tannat, le grenache et la criolla chica, sont quant à eux élevés de 9 à 12 mois dans des barriques de chêne français de troisième ou quatrième vin.
UN TERROIR EXCEPTIONNEL
4 hectares de vignes non greffées, plantées selon l’exposition optimale de chaque cépage. Si le malbec reçoit directement le soleil, le tannat est protégé par le feuillage des poivriers roses.
Dès l’origine, l’intervention minimale est de mise dans le vignoble. Il est difficile de trouver plus “bio” que dans ces vallées isolées du reste du monde.
À cette altitude, les conditions climatiques sont extrêmes : l’ensoleillement est intense, les hivers sont froids, les gelées fréquentes et l’amplitude thermique entre le jour et la nuit peut atteindre 25°C l’été. Cette différence de température favorise la concentration des tannins et la conservation de l’acidité dans les raisins. Le sol est sablonneux avec des pierres calcaires. Il est constitué d’alluvions sur une base granitique. Très profond, pauvre en matière organique et perméable, il permet aux raisins de développer des arômes uniques, sans lourdeur.
L’eau, vitale pour la survie de la vigne dans ce milieu désertique, provient du dégel des Andes au printemps et des pluies en haute montagne l’été. Elle est acheminée par des canaux datant de l’époque inca et qui sont toujours gérés par la communauté.
De la vigne à la cave, toutes les étapes sont artisanales, à l’image de la philosophie du domaine et comme on peut l’imaginer, les rendements sont très faibles, autour de 20 hl/ha.